L’entreprise verviétoise Automation & Robotics passe entre les mains d’EssilorLuxottica. Une opportunité dans un marché en consolidation.

L’une des entreprises wallonnes qui faisait office de modèle en matière d’actionnariat salarié change de cap. Automation & Robotics (A&R), spécialisée dans la conception et la commercialisation de machines de mesure et de contrôle des verres de lunettes basée à Verviers, vient d’être rachetée par EssilorLuxottica. Ce leader mondial de l’optique, né de la fusion en 2019 du français Essilor, champion des verres, et de l’italien Luxottica, leader des montures, est un acteur incontournable du secteur. La multinationale franco-italienne, membre du CAC 40, a franchi en début d’année la barre des 100 milliards de capitalisation boursière. Elle possède notamment les marques Ray-Ban, Oakley ou encore Persol.

Un mastodonte de l’optique qui a été séduit par l’expertise technique et opérationnelle de ce fleuron wallon. « Ce choix stratégique va nous permettre d’augmenter les possibilités de synergies avec d’autres entités du groupe et décupler notre force de frappe », précise Pauline Beaume, responsable financière d’Automation & Robotics.

Pour EssilorLuxottica, cette acquisition permettra d’ajouter une nouvelle solution industrielle à un portefeuille déjà largement diversifié. « Nous partageons le même engagement sur l’innovation, la précision et le service, ont commenté par communiqué Francesco Milleri, président-directeur Général, et Paul du Saillant, directeur général délégué d’EssilorLuxottica. Nous serons désormais en mesure de mieux répondre aux besoins en constante évolution dans la fabrication en optique ophtalmique, y compris pour les nouvelles catégories comme les wearables. »

Le montant de la transaction n’a pas été divulgué. Mais, selon nos informations, la plus-value est « particulièrement intéressante » pour chaque actionnaire.

Une opportunité à saisir

Même si elle est relativement méconnue en dehors du cercle d’initiés, Automation & Robotics est une belle success-story wallonne. Elle s’est également fait remarquer ces dernières années par son mode de gouvernance relativement novateur. Son fondateur, Christian Closset, a introduit en 2019 le modèle d’actionnariat salarié pour éviter une délocalisation des activités. Une partie des actions de la société a donc pu être rachetée par le personnel.

Début 2025, une centaine d’employés, ouvriers et dirigeants actionnaires (soit 85% du personnel) possédaient 31,73% des actions. Le solde étant détenu par Wallonie Entreprendre (25 %) et les dirigeants historiques (Christian Closset et Helmut Ahn). « La décision de vendre est le fruit d’une réflexion stratégique élaborée en début d’année par une quinzaine de membres de la société, explique Pauline Beaume. Chaque département était représenté. Il en est ressorti que, vu la consolidation du secteur, il était désormais intéressant de s’adosser à un grand groupe industriel pour saisir de nouvelles opportunités. »

Une belle santé financière

« L’actionnariat salarié était une vraie réussite. Certains points n’ont pas été anticipés au départ. Mais sur le fond, ce modèle s’est avéré être un franc succès. » Explique Pauline Beaume.

Le passage à l’actionnariat salarié aura en tout cas été une belle réussite sur le plan financier. Son chiffre d’affaires consolidé est passé de 22 millions en 2019 à 35 millions de 2024 alors que son EBIDTA a grimpé de 1,4 à 10 millions. La refonte en profondeur de l’organisation marquée par la mutation des travailleurs en intrapreneurs aura notamment permis de doper les résultats et la recherche de nouveaux produits. « L’actionnariat salarié a été une vraie réussite, ajoute Pauline Beaume. Il s’agissait d’une initiative particulièrement enrichissante, qui a amené davantage de transversalité, de transparence et de culture entrepreneuriale. Certains points qui ont fait l’objet de discussions n’ont pas été entièrement anticipés au départ. Mais sur le fond, ce modèle s’est avéré être un franc succès. »

Précisons qu’Automation & Robotics n’entend d’ailleurs pas modifier une manière de travailler qui a fait ses preuves. L’ambition d’EssilorLuxottica est même de renforcer encore davantage cette expertise. « La valeur de notre société est le savoir-faire de ses collaborateurs, ajoute Pauline Beaume. Il n’y aurait aucun intérêt de s’en séparer. »

Wallonie Entreprendre salue la vente

Du côté de WE, qui est entré dans l’actionnariat quand celui-ci a été ouvert aux employés, cette vente s’inscrit simplement dans le cycle de vie d’une entreprise. « La vie d’une entreprise est faite d’opportunités et celle-ci en était une belle pour Automation & Robotics, fait remarquer Éric Poncin, membre du comité de direction de Wallonie Entreprendre. Cette société est une vraie pépite, un acteur de renommée mondiale, et il était donc normal qu’elle intéresse d’autres grands acteurs. Ce rachat lui permet d’écrire une nouvelle page de son histoire. »

Quant à savoir si le modèle de l’actionnariat salarié doit changer l’approche de vente d’une entreprise, Éric Poncin répond par la négative: « L’actionnariat salarié n’empêche pas les exits. Ce modèle n’est pas fermé. Dans ce cas-ci, il s’agit d’une bonne opportunité pour tout le monde. »

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